Entrevue avec Maître Poulin
« D’hier à aujourd’hui… Pour demain! »
Clermont Poulin a eu la gentillesse de m’accorder un peu de son temps afin que les membres des Studios Unis, mais également tous les autres pratiquants d’arts martiaux de la province, puissent le connaître davantage. Un accès privilégié m’a été offert. J’ai découvert l’homme qui se cache derrière l’image des Studios Unis… Clermont Poulin, l’homme d’affaire, le karatéka accompli mais également le père de famille.
Clermont Poulin est né en 1952 à Tring Jonction en Beauce. Fils d’une famille nombreuse de 11 enfants, dirigé par Oscar son père et sa mère Émilienne, Clermont a grandi avec de solides valeurs familiales qui lui servent encore aujourd’hui. « Sans la famille, je ne serais rien », me dit Clermont avec aplomb.
« Mon père n’avait qu’une 3e année et travaillait dur pour subvenir aux besoins de tous ses enfants. Cependant, il m’a appris que la richesse, c’était bien plus qu’une question financière. La richesse, c’est la famille ! » m’a-t-il confié. C’est de son père que vient le sentiment de ne jamais abandonner malgré les embuches. Il y a toujours une solution à un problème.
Clermont part très tôt de la maison et quitte l’école pour travailler aux États-Unis. C’est à cette époque, à la fin des années 60, qu’il entreprend pour la première fois la route qui finalement le conduira ici, pratiquement 50 ans plus tard. C’est le professeur Fred Villari qui lui donnera son premier cours de karaté. C’est quelques années plus tard qu’il ouvre son premier studio (dojo) avec une aide financière paternel, en 1974. Il était alors âge de 21 ans seulement.
C’est à ce moment que Clermont et ses élèves commencent à se poser des questions. Ils ressentent beaucoup d’inquiétude face à la direction que prend l’organisation américaine. Le dollar canadien à la baisse, un manque de service et surtout cette organisation prend une tangente qui va à l’encontre de ses valeurs profondes. « Il n’a pas de mal à gagner sa vie avec ce que l’on aime le plus au monde mais il est important d’être juste et équitable. Mes valeurs doivent être similaires à l’image de mon entreprise ». Après mure réflexion, il décide de quitter et soudain il se retrouve sans instructeur.
Heureusement une rencontre avec un homme exceptionnelle changera sa vie et son organisation. En 1985, Professeur Nick Cerio le marque au plus haut point. Il découvre un homme humble malgré la multitude de connaissances qu’il possède. « Lorsque l’on côtoyait le Prof Cerio nous avions l’impression d’être son égal ». Pour Clermont, un grand maître devait posséder l’humilité et avoir le pouvoir de ressortir le meilleur dans chacun. Ce que Prof savait faire. « Je donnerais beaucoup pour avoir la chance de retourner dans le passé et d’étudier plus souvent avec Prof Cerio », nous dit Clermont un peu nostalgique. « On doit profiter le plus possible de ce que l’on a car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Tout peut basculer en une fraction de seconde », ajoute-t-il.
Peu de gens connaissent les années difficiles que Clermont a passées à la fin des années 80 et début des années 90. Studios Unis est passé très près de baisser pavillon. Sa générosité et son manque de connaissance au niveau des affaires à ce moment-là, lui ont fait prendre de mauvaises décisions et certaines associations avec des partenaires ont été décevantes. Par la suite la vie lui a appris à se protéger. « On protège nos acquis et ce que l’on bâtit afin de sauvegarder notre famille. » Une fois de plus, il s’est servi des valeurs que son père lui a laissées.
Octobre 1998 … Clermont est sous le choc. Le Prof Cerio décède d’un cancer. L’homme qui le guide dans les arts martiaux vient de le quitter à tout jamais. Clermont est abattu et s’interroge face à ce drame. Cependant, grâce à sa détermination et son désir de « ne jamais abandonner » il décide d’offrir une continuité à Studios Unis, il se met donc à la recherche d’un nouveau mentor.
Clermont rencontre Hanshi Juchnik en 1999, mais ce n’est qu’à partir de 2007 qu’il rejoint officiellement son organisation. Malgré ses différentes rencontres avec plusieurs personnalités martiales, c’est Hanshi Juchnik qui correspondait à ce qu’il recherchait. Un homme simple, humble, pédagogue et respectueux. Ensemble, plusieurs fois par année, Clermont et Hanshi échange et partage une passion commune. Cette association permet aux Studios Unis de grandir et de continuer sa route sur le chemin des arts martiaux. De plus, Clermont a obtenu d’Hanshi Juchnik le droit de développer le Kosho Shorei Ryu Kai, au Canada. « C’est tout un défi et une preuve de confiance qu’on me fait » me dit Clermont avec fierté.
Clermont a accompli de grandes choses. La fédération des Studios Unis et le tournoi du Québec Open de Karaté, compétition internationale tenue à chaque année, il en est très fier! Il est reconnaissant envers la vie… Bien sûr, mis à part ces deux grandes réalisations, il y a aussi son épouse, sa fille, ses petites filles. Sa vie familiale le rend doublement reconnaissant envers la vie. Il se dit chanceux surtout aujourd’hui puisqu’il a réussi à donner aux Studios Unis l’image qu’il a eue dans sa jeunesse… : une grande famille! Depuis longtemps, son épouse participe tous les jours, avec lui à cette réussite! C’est maintenant au tour de sa fille Jessyca de prendre un rôle important au sein de l’organisation.
Clermont aime pratiquer le golf dans ses temps libres, mais il n’est pas question de retraite ! Il aime travailler et souhaite le faire encore à tous les matins. « J’espère vivre encore longtemps et en santé afin de voir grandir mes petites filles et faire ce que j’aime le plus au monde, travailler! » nous dit Clermont le regard serein.
Il pense souvent à « l’après Clermont ». Il fait le souhait que son œuvre puisse continuer dans l’harmonie. Prof Cerio n’avait pas pris le temps de préparer son départ. Clermont ne veut pas commettre la même erreur. Alors, il est essentiel de se préparer afin que « la famille » des Studios Unis puisse continuer encore à former des athlètes de haut niveau et surtout de bonnes personnes de génération en génération.
Merci Clermont!
Marc-André Parent B.Sc. Intervention sportive
Dès les premiers coups de poing à son premier entrainement, Marc-André a eu la piqûre pour les arts martiaux. Il a débuté l’enseignement à titre d’assistant très tôt et s’est vu naître une passion qui depuis 20 ans ne cesse de croître.
Titulaire d’un 5e dan en Nick Cerio’s Kenpo, ceinture marron en shotokan et bachelier en intervention sportive, instructeur certifié niveau 2 par la FQBO.
Dans ses articles, il vous partage ses opinions sur plusieurs sujets d’actualités entourant le monde des sports de combat.
Il a pour mission de nous interroger, de réfléchir mais surtout d’échanger avec tous les pratiquants.